L'antre des âmes
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 broucolaque

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chimere84
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chimere84


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Date d'inscription : 03/11/2006

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MessageSujet: broucolaque   broucolaque Icon_minitimeDim 11 Fév - 14:18

broucolaque Broucolaquemf9

Ayant constaté le malheureux amalgame qu'il est fait parfois entre les broucolaques et les vampires, bien plus souvent commis par ignorance que par volonté, je vais vous laisser entrevoir la réalité du broucolaque afin que vous constatiez combien il est différent de nous... Le fait que nous soyons souvent... " associés " au broucolaque est probablement du à plusieurs facteurs :

- Le broucolaque avait connu la mort.
- Le broucolaque terrorisait et décimait les populations. Au mieux, il " jouait des tours ".
- Le broucolaque était un homme mauvais, il restait donc en son éternité tout aussi dangereux et malfaisant.
- Le broucolaque vvivait, ou végétait, devrais-je plutôt dire, dans un tombeau. ( Ainsi que les vampires suivant certaines légendes... et pour certains vampires, cela est...)
- L'on devenait broucolaque pour, approximativement, les mêmes raisons que la population pensait que l'on pouvait devenir vampire, si l'on excepte un facteur majeur, la morsure...
- La religion et toutes choses sacrées, ou toute religion et toutes choses sacrées, devrais-je dire, étaient sensées avoir un pouvoir sur le broucolaque. Celui-ci étant le plus souvent un excommunié, cela me semble encore entrer dans les limites de la logique. J'ouvre ici une parenthèse afin de souligner le fait qu'il est probable que nous ayons si longtemps cru que la religion pouvait exercer un quelconque pouvoir sur nous uniquement à cause de ce malencontreux amalgame...
- Enfin, alors que le terme " vampires " n'existait pas encore, nous fumes mêlés à eux en l'esprit populaire, et surnommés du même nom : broucolaques.

Comme vous pouvez le noter, il y a, en effet, assez de points communs pour que dans l'esprit des populations et les mos broucalaques et vampires soient associés... Alors, que... si l'on y regarde de plus près...

" O mon père, reçois ces propitiatoires évocatrices des ombres. Viens t'abreuver du sang noir de cette vierge que nous t'offrons. " (Euripide, Hécube, v. 536)

Les âmes des certains défunts de la Grèce antique, plus particulièrement celles des héros (singulièrement) et des brigands, étaient condamnées à errer dans le monde des vivants sous la forme d'ombres, capricieuses et malfaisantes. Le christianisme, non seulement ne supprima point ces croyances, mais se les appropria. " Sachez que lorsqu'on retrouve de semblables cadavres, déclare le Monocanon de l'église grecque, lesquels sont l'oeuvre du démon, il faut demander au prêtre de venir chanter une prière à la Mère du Seigneur... et célébrer des services anniversaires à l'intention des morts, services qui seront accompagnés de repas funèbres. " ( Cité par Leo Allaius: De quorantum Graecorum opiniationibus, chap. 12.)

La notion de " broucolaques " est relativement complexe. Selon Lawson, le " broucolaque (grec) est le résultat de la greffe de branches slaves sur un fond hellénique. "( Modern Greek Folklore and ancient Greek religion, 1910) Leo Allatius, qui croyait à l'existence des broucolaques déclarait :

" Les vrykolokas sont les corps des hommes de vie mauvaise et immorale ( Comme il est de mise dans tous ces récits et comme vous le constaterez de nombreuses fois par la suite, il ne saurait s'agir d'un homme bon et pieu...), très souvent excommunié par son évêque. De tels corps ne se décomposent pas comme ceux d'autres hommes morts et ne tombent pas en poussière : la peau devient tendue comme celui d'un tambour et lorsqu'on la frappe elle produit le même son... ( Je me permettrai de souligner que voila une bien étrange idée que d'aller frapper sur la peau des défunts afin d'en ouïr la sonorité...) C'est pourquoi les vrykolokas ont reçus le nom de tumpaniaïoi. Dans un tel corps, le diable rentre et sort de la tombe. ( Je pense, pour ma part, que si diable il y a, il doit trouver bien peu d'intérêt à ce genre d'occupation et suis certain qu'il saurait en trouver de plus... dignes...) Si quelqu'un répond à ces questions, il meurt le lendemain.( Fait probablement dûment constaté de maintes fois...) Mais un vrykolokas n'appelle jamais deux fois, et ainsi les habitants de Chio attendent toujours qu'on les appelle deux fois dans la nuit avant de répondre. "( La parade n'est-elle point hautement subtile... et facile, peut-être trop même...)
Comme le " mulo " des Tziganes, il apparaît au même moment de midi, et non seulement dans les maisons, mais aussi sur les champs et les routes... et, sans parler aux gens ni les toucher, il les tue à distance... " (Nous avons des leçons à prendre...)
On le sort de la tombe, le prêtre récite des prières, on le jette sur un brasier... "( Le feu, moyen d'extermination fort usité, est en effet une méthode radicale, que l'on soit mort ou vivant, peu en réchappent...) ( Leo Allatius, op. cit.)

Le broucolaque grec résulte d'un grand nombre d'influences qui confirmèrent au fil des siècles la croyance initiale à la malveillance des ombres. Au XVIIe siècle, les vampires d'Europe centrale apportent une conception nouvelle du broucolaque : il sort désormais plus régulièrement de nuit et boit systématiquement le sang des vivants. Ils deviennent proche du " pricolitch " valaque, et par là même, du loup-garous lorsqu'il dévore sa proie.
Vous pouvez commencer à constater une ébauche de notre personne, bien que, pendant de longs siècles, nous fûmes pour une obscure raison, privés d'esprit et considérés bien plus proches d'un simple animal que d'une entité pensante.
Cette évolution et cette confusion inquiétèrent l'église. En effet, le broucolaque n'était souvent qu'un mort qui ne se décomposait pas et sortait de sa tombe pour se livrer à d'innocentes facéties...

" ... on le voyait la nuit se promener dans les maisons, renverser les meubles, éteindre les lampes, embrasser les gens par derrière et faire mille petits tours d'espiègles... On l'accusa de battre les gens, la nuit, d'enfoncer les portes, de briser les fenêtres et les habits et de vider les cruches et les bouteilles. C'était un mort bien altéré..." ( Charles Nodier, citant Tournefort, Infernalia.)
Ce récit, des plus burlesques, me laisse supposer que beaucoup de mortels durent trouver, sous le couvert d'un quelconque défunt récemment inhumé et soupçonné de " vampirisme ", un moyen aisé de se livrer à tous les excès et de donner libre cours à ses plus bas penchants.

L'église utilisait cette menace afin d'accroître sa puissance. L'individu qu'elle excommuniait, elle le condamnait à ne jamais retomber en poussière. Le lien existant entre son âme et son corps n'était pas tout à fait rompu et le mort poursuivait dans sa tombe l'existence végétative et sordide du broucolaque. Il fallait une formule afin que le cadavre retournât à la terre et que son âme fût restituée au Seigneur. Tant que l'église n'estimait pas devoir prononcer cette prière, le corps du banni ne se décomposait point...

" ... Toi qui gis dans l'ombre d'ici, enchaîné par les liens de l'excommunication; si ce que tu as fait enlever à mon église de manière injuste par l'intermédiaire du roi ou par quelqu'un de tes parents se voit restituer avec une réparation suffisante, je t'absous " déclarait-on encore il y a peu à ceux qui s'étaient appropriés des biens ecclésiastiques.( Rapporté par Montague Summers, The Vampire, his kith and kin.)

Mais, en étant reconnu en tant que vampire, le broucolaque faisait se retourner la menace contre l'Église elle-même. On accusait en effet le clergé d'être responsable des pestes, des décès, des crimes inexpliqués dus aux excommuniés. Aussi s'empressa-t-on de distinguer " incorruption " de réanimation diabolique.
Le broucolaque subit aussi l'influence du " mulo ", créature que l'on pourrait assimiler au vampire tzigane, qui pouvait être terriblement malfaisant ou simplement facétieux Une variante du broucolaque : le karkantebokis, était un bohémien qui n'apparaissait qu'en janvier et dont le souffle était mortel...
Enfin, il ne faut pas négliger l'influence turque déterminée par les invasions successives. Ainsi, le " lioubgaï ", broucolaque d'Albanie, tué sur un champs de bataille et sans doute mal inhumé, se levait la nuit afin de dévorer les vivants.
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chimere84
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MessageSujet: Re: broucolaque   broucolaque Icon_minitimeDim 11 Fév - 14:31

L'Église dut trop souvent prononcer sa formule d'excommunication. " ... et après la mort, ton corps restera éternellement incorruptible comme la pierre et le fer " ( Christ Angelus: De statu hodiernum groecorum) car les histoires de broucolaques abondent.
Au XVIIe siècle, le botaniste français Pitton de Tournefort voyagea en Orient sur l'ordre de Louis XVI et en rapporta des souvenirs, publiés en 1702 (Relation du Voyage au Levant). C'est de ce texte que Charles Nodier tira son Histoire d'un broucolaque, que je vous livre telle quelle, bien que vous dussiez l'avoir ouïe, tant elle est célèbre.

" Après plusieurs assemblées des principaux de la ville, des prêtres et des religieux, on conclut qu'il fallait, je ne sais par quel cérémonial, attendre neuf jours après l'enterrement. Le dixième jour, on dit une messe dans la chapelle où était le corps, afin de chasser le démon, que l'on croyait y être enfermé. Après la messe, on déterra le corps et on en ôta le coeur ; le cadavre sentait si mauvais qu'on fut obligé de brûler de l'encens ; mais la fumée, confondue avec la mauvaise odeur, ne fit qu'augmenter et commença à échauffer la cervelle de ces pauvres gens...
Plusieurs des assistants affirmaient que le sang de ce malheureux était bien vermeil; d'autres juraient que le corps était encore tout chaud; d'où l'on concluait que le mort avait grand tord de n'être pas bien mort, ou pour mieux dire, de s'être laissé réanimé par le diable; c'est là, précisément l'idée qu'ils ont du broucolaque; on faisait alors retentir ce mot d'une manière étonnante.
Une foule de gens qui survinrent, protestèrent tout haut qu'ils s'étaient bien aperçus que ce corps n'était pas devenu raide lorsqu'on le porta de la campagne à l'église pour l'enterrer; et que, par conséquent, c'était un vrai broucolaque : c'était là le refrain...
Un jour, comme on récitait certaines oraisons, après avoir planté je ne sais combien d'épées nues sur la fosse de ce cadavre que l'on déterrait trois ou quatre fois par jour suivant le caprice du premier venu, un Albanais, qui se trouvait là, s'avisa de dire, d'un ton de docteur, qu'il était fort ridicule de se servir des épées des chrétiens :

- Ne voyez-vous pas, pauvres gens, disait-il, que la garde de ces épées faisant une croix avec la poignée, empêche le diable de sortir de ce corps? que ne vous servez-vous plutôt des sabres des Turcs?

L'avis de cet habile homme ne servit à rien; le broucolaque ne parut pas plus traitable, et on ne savait plus à quel saint se vouer lorsque tout d'une voix, comme si on s'était donné le mot, on se mit à crier, par toute la ville, qu'il fallait brûler le broucolaque tout entier; après cela, ils défiaient le diable de revenir y nicher; qu'il valait mieux recouvrir à cette dernière extrémité que de laisser déserter l'île. En effet, il y avait déjà plusieurs familles qui pliaient bagage pour s'aller établir ailleurs. On porta donc le broucolaque, par ordre des administrateurs, à la pointe de l'île de Saint-Georges, où l'on avait préparé un grand bûcher, avec du goudron, de peur que le bois, quelque sec qu'il fût, ne brûlât pas assez vite. Les restes de ce malheureux y furent jetés et consumés en peu de temps. C'était le premier jour de janvier 1701. Dès lors, on n'entendit plus de plainte contre le broucolaque; on se contenta de dire que le diable avait été bien attrapé cette fois-là et l'on fit quelque chansons pour le tourner en ridicule. " ( Charles Nodier, op. cit., pp.120-121)

Le broucolaque sévit dans de nombreux pays, et chacun à sa version locale. En Crète, le broucolaque devient katakanas; à Chypre, il est barkomenaos; à Thénos, anaïkatoumenos, mais ces caractéristiques demeurent identiques.
En 1837, Pashley, voyageur anglais, glane quelques histoires lors d'un voyage en crète. Dans le district de Kalécrati de Sofkia, un katakanas hante la contrée et se gorge du sang des enfants, lui racontèrent les paysans. Ailleurs, ce fut l'histoire d'un berger qui passait ses nuits près d'un sépulcre pour s'abriter. Un katakanas habitait la tombe et appellait le berger, car ce dernier avait retiré ses armes et les avait posées en croix, lui interdisant de la sorte de quitter sa demeure. " Lève-toi, dit le spectre, il me faut partir, des affaires m'appellent. " Il jura des intentions les plus louables à l'importun berger. Celui-ci accepta, je ne sais pour quelle obscure raison, mais le broucolaque du être convainquant, et attendit son retour. Après s'être nourrit d'un couple qu'il avait assassiné, le katakanas revint, tout ensanglanté. Pour mettre fin à de tels agissements, il le fallut brûler... ( Tirés de Pashley, Travels in Crete, vol. II, p. 196 et p. 232.)

Le même auteur signalait que la ville d'Hydra était infestée de broucolaques et que le calme ne revint " que par les exécutions ordonnées par l'évêque qui avait supprimé tout ces monstres à Santorène ( Santorin) où ils pullulaient, se promenant, faisant rouler de grosses pierres des montagnes à la mer, de que n'importe qui pouvait entendre en passant, la nuit, près de cet endroit maudit. " ( Pashley, op. cit., p. 232.)
Ce qui est tout de même remarquable c'est qu'à aucun moment quiconque n'ait supposé qu'il put s'agir tout simplement de contrebandiers, se livrant à leur commerce, de nuit de préférence, bien évidemment...

Une légende, des plus... irrésistible, nous narre qu'autrefois, d'autres broucolaques encore se plaçaient la nuit sur les dormeurs et causaient par leur seul poids une sensation cauchemardesque d'écrasement et d'étouffement. Ils suçaient le sang, dévoraient les chairs et finissaient par tuer leurs victimes. Les prêtres savaient alors comment procéder pour prendre ces monstres sur le fait et les détruire d'un coup de fusil... La réalité dépasse encore une fois la fiction...

Nous pouvons retrouver la trace des broucolaques sur les côtes dalmates où ils portent le nom de vukodlaks.

" Les Morlaques sont persuadés de la vérité des vukodlaks, à qui ils attribuent, comme en Transylvanie, le désir de sucer le sang des enfants. Lorsqu'un homme est soupçonné de pouvoir devenir un vukodlak, on lui coupe les jarrets ou, comme ils disent, on lui pique tout le corps avec des épingles; ces deux opérations doivent empêcher le mort de retourner parmi les vivants. Quelquefois, un Morlaque mourant, croyant sentir d'avance une grande soif de sang des enfants, prie ou oblige même sa famille à traiter son cadavre en vukodlak avant de l'enterrer. " ( Abbé Fortis, Voyage en Dalmatie, 1778, I, p.95, trad. de l'italien.)

Mais l'on pouvait tout autant devenir broucolaque de tout autre manière: La mort violente, le suicide, la vengeance risquait de mettre en péril le repos des disparus, tout comme les malédictions formelles des parents ou des prêtres; une vie immorale, quelques relations réprouvées par la morale, les pratiques de sorcellerie entretenaient encore la condition de vourdalak. Mais il pouvait suffire parfois de choses plus infimes encore: de manger un agneau égorgé par un loup ( l'influence slave est ici indiscutable), ou tout simplement par la malédiction qu'apportait un animal en sautant par-dessus le lit d'un défunt... Je pense que tout cela vous rappelle quelque mythes des plus amusants colportés à notre propos...

Je vais pour conclure, vous offrir l'ancienne formule d'absolution autrefois utilisée, afin que le cas échéant, si jamais vous vous trouviez face à un défunt présentant les signes irréfutables vous laissant à penser qu'il y a de fortes possibilités d'un réveil, ou face à un homme gisant malheureusement excommunié en un temps, vous puissiez prononcer sans faute la formule de ce rituel, lui évitant ainsi la sordide et pénible condition de broucolaque, condition que je ne souhaite à personne... ou presque...

" Remittatur tibi propter miseracordiae Dei viscera, quibus et confisa humilitas nostra liberatum te esse voluit in sancto spiritu inevitabilibus excommunicationis vinculis . "
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